Pourquoi la phytoépuration pour une Tiny House ?

La Tiny House est un habitat léger et mobile qui est souvent conçu de façon à être autonome en énergie. Cela implique de prévoir les équipements nécessaires pour l'électricité, le gaz, l’eau. Et justement, ce dernier point est particulièrement important d’un point de vue hygiène, mais aussi impact écologique. Selon les zones d’habitations, les contraintes diffèrent, il convient donc de se renseigner en amont auprès des autorités compétentes. Dans cet article, on vous explique le système que nous avons mis en place. C’est parti 😎 

Comment gérer l’eau dans une tiny house ?

Pour la tiny house SENJA, nous avons choisi de mettre en place différentes choses 👇

  • Une cuve de récupération d’eau de pluie (elle permet d’avoir de l’avance sur la consommation à l’intérieur de la maison, et de ne pas se retrouver à sec)

  • Un système de filtration mécanique avec 50 et 25 microns puis charbon actif puis filtration par UV (pour nettoyer instantanément l’eau et éliminer toute bactérie éventuelle). Il suffit de la reminéraliser ensuite pour qu’elle devienne potable

  • Des toilettes sèches (pour économiser entre 6 et 12 litres d’eau par chasse) 

  • Des mitigeurs (pour réduire le débit d’eau, sans réduire le confort d’usage)

  • Un système de phytoépuration (pour nettoyer les eaux grises de la maison)

En d’autres mots ? L’idée est d’avoir un habitat aussi confortable qu’une maison classique. A nous de nous adapter dans la conception de celui-ci pour trouver le système le plus efficace, de façon à ce que le choix de l’autonomie énergétique soit transparent pour vous, en tant que voyageur. Et justement, aujourd’hui on va se pencher sur le choix que nous avons fait pour la phytoépuration.

La phytoépuration, c’est quoi ? 

Bonne question ! On vous explique 👇

  • Définition : La phytoépuration est une forme d’assainissement écologique. En d’autres mots, c’est un procédé naturel qui consiste à filtrer ou dépolluer des eaux usées (vaisselle, évier de la salle de bain, douche ou baignoire, etc…) grâce à des plantes que l’on appelle épuratrices (bambous, roseaux, massettes et laîches sont les plus utilisées). L’eau redevient alors assimilable par le milieu naturel. Et la boucle est bouclée.

  • Le petit plus : La phytoépuration est un système qui, au-delà de ne pas impacter la nature, fonctionne comme un tout et en interaction avec elle. 

Bon à savoir : Une fois que l’eau usée (on parle aussi d’eau souillée) est passée à travers le système de phytoépuration, elle est de nouveau propre. En revanche, elle n’est pas pour autant potable. En effet, elle est à ce stade très riche en minéraux, presque autant qu’avec un engrais. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle ne doit pas être renvoyée vers un milieu aquatique. Ce dernier est plus sensible que le sol, et l’eau pourrait alors fortement perturber le milieu naturel (asphyxie, eutrophisation. etc…).

Comment fonctionne la phytoépuration ? 

La phytoépuration est une alternative aux systèmes d’assainissement plus conventionnels (station d’épuration, fosse septique, fosses toutes eaux, microstation…). Elle est basée sur un principe simple : la séparation des matières solides et liquides ainsi que la dégradation des particules par les bactéries. 

Cela fonctionne grâce à 3 éléments 👇

  • Bactéries : elles dégradent les particules organiques pour les rendre assimilables par le milieu naturel. C’est la première étape du processus.

  • Substrat : Il est en général composé de graviers ou granulats et permet d’accueillir les bactéries. C’est un peu leur maison. Ce substrat permet par ailleurs de laisser passer l’eau tout en bloquant les plus gros éléments. 

  • Plantes : Elle interviennent à la fin de la procédure. Les plantes stimulent l’activité bactérienne autour de leurs racines, absorbent une petite proportion des minéraux, décolmatent les filtres. Grâce à ce fonctionnement, la phytoépuration, lorsqu’elle est bien conçue, s’auto-entretient. 

Que permet de nettoyer la phytoépuration ?

On a parlé d’eaux usées, mais la phytoépuration a une efficacité plus large que ça. Elle peut permettre de filtrer 3 types de pollution phares : 

  • Organique (carbonée, azotée, phosphorée) : C’est ce qui est d’origine biologique (excréments, urines, fumiers, lisiers …). En présence d’oxygène, les particules vont être dégradées par les bactéries et transformées en minéraux.

  • Microbiologique : Cette catégorie est liée à la précédente. A travers les eaux usées, on peut retrouver une pollution microbiologique (virus, bactéries, etc…). Ces dernières peuvent être néfastes pour la santé et pour l’environnement. 

  • Chimique : Polluants issus de l’activité humaine (médicaments, pesticides, hydrocarbures, métaux lourds, etc…). Ces derniers sont dangereux pour l’environnement et peuvent avoir un impact de taille, sur le long terme. Malheureusement, les systèmes actuels d’assainissement (collectif ou non) ne sont pas encore assez performants pour éliminer tous ces éléments. C’est un des gros enjeux actuels et de demain.  

Quel système de phytoépuration pour la tiny house SENJA ?

Bonne question ! Après de nombreuses recherches, nous avons choisi d’installer la solution proposée par l’entreprise norvégienne Biolane. Précisions sur le produit : 

Bac de phytoépuration

Bac phytoépuration avant installation

  • Filtre à eaux grises filtrant destiné au traitement des eaux de lavage

  • Format modulaire (il peut être complété au besoin avec un second bac)

  • Solution mobile, compact, qui s'installe facilement à proximité de la tiny house

  • Système conçu pour une installation extérieure et adapté pour une utilisation à l’année (à condition d’être installé dans un espace où la température ne descend pas en dessous de 0°C). Dans notre cas, nous avons enterré en partie le système afin de garantir une température qui ne descend pas sous la barre du 0. 

Comment fonctionne la phytoépuration avec Biolane ? 

Le système est prévu avec un grand bac étanche (photo de gauche). Ce dernier est raccordé aux évacuations d’eaux grises de la maison. Dans le bac, on retrouve ensuite différents étages (photo de droite), chacun rempli avec différents substrats. Ces derniers sont composés de mousses naturelles finlandaises (mousse de l'étang et mousse de caille). Par gravité, l’eau passe dans chacun d’eux. Résultat ? Pas besoin de fosses septiques et une technologie permettant de de filtrer 300 litres par jour. 

Bac biolane pour création de la phytoépuration

Bac destiné à la phytoépuration

Bac de phytoépuration Biolane

Bac de la marque Biolane

Que contient le kit phytoépuration Biolane  ?

Le kit de phytoépuration proposé par Biolane et conçu spécifiquement pour les petits habitats comme les tiny house est très simple. Voici un aperçu de ce qu’il contient : 

  • Coque avec couvercle PE (pour une meilleure tenue en extérieur)

  • Caisson filtrant x 5 (qui permettent justement de nettoyage des eaux grises)

  • Chapeau du tuyau d’évacuation d’air (pour aérer l’intérieur et éviter les odeurs)

  • Tuyaux, manchon de branchement, verrou, rondelles, etc…

Schéma du fonctionnement de la phytoépuration

Aperçu des pièces du kit de phytoépuration

Ensuite, il est simplement recommandé de changer le substrat tous les 3 à 6 mois selon le volume d’eau utilisé et l’état du substrat. Cela implique donc un entretien peu fréquent et très simple. 

La phytoépuration n’engendre-t-elle pas d’odeur ? 

La phytoépuration fonctionne de manière très similaire à celle d’un bac à compost. Au contact de l’environnement (air, sol, eau, substrat, etc…), la dégradation produit des matières organiques (humus et vapeur d’eau). Dans la même logique qu’avec un bac à compost, si des odeurs se dégagent c’est que le système n’est pas encore stabilisé, mal dimensionné, ou mal conçu. Dans les premiers jours, en général une petite odeur peut se dégager, le temps que le système se stabilise. Ensuite, le but est de n’avoir aucune odeur. 

La phytoépuration est-elle efficace en hiver ? 

Oui ! L’intérêt est bien de pouvoir vivre dans la tiny house, quelles que soient les conditions météorologiques. Qu’il pleuve, qu’il neige, ou qu’il vente. Le système que nous avons choisi est non seulement étanche vis à vis de l’extérieur, mais il est aussi partiellement enterré (ou encastré). Il est ainsi protégé en période de gel. Le filtre a par ailleurs été installé dans un endroit où l'eau ne peut pas s'accumuler, notamment en cas d'inondation. 

Est-il possible d’installer soi-même un système de phytoépuration ? 

Oui ! En effet, les services publics n’imposent pas de passer obligatoirement par un professionnel pour la mise en place d’un système de phytoépuration. En revanche, un contrôle peut être effectué par un organisme appelé la SPANC. Ce dernier pourra ainsi vérifier le bon fonctionnement et l’entretien de l’installation. Ce contrôle se fait au maximum otus les 10 ans. Libre à vous de choisir comment vous allez procéder. Ce choix dépendra d’ailleurs de plusieurs critères clés :

  • Le volume d’eau consommé 

  • Le budget que vous avez pour le sujet

  • L’espace que vous avez autour de la maison

  • La volonté d’intégrer la phytoépuration dans le paysage ou non

Bon à savoir : Il est cependant possible que la commune se réserve le droit d’examiner la conception de l’installation afin d’éviter un danger sanitaire ou un risque environnemental. En cas de non conformité, il peut alors être demandé d’effectuer des travaux de mise en conformité, et ce dans un délai allant de 1 à 4 ans. Dans le cas d’une vente immobilière, ce délai est raccourci à un an.

Quels sont les avantages de la phytoépuration ? 

  • Une solution efficace pour la qualité de l’assainissement des eaux usées. 

  • Une installation qui nécessite aucune consommation d’énergie électrique 

  • Un entretien simple, pratique, et peu couteux

  • Un format écologique (énergétiquement et logistiquement autonome, création de zones humides nécessaires au développement de la vie, etc…)

  • Une installation qui peut avoir un rôle esthétique dans un jardin

Quels sont les inconvénients de la phytoépuration ? 

  • Une solution qui peut nécessiter de la place

  • Un coût plus important que celui d’une solution conventionnelle (proportionnellement, on parle d’environ 10 000 € pour les filtres plantés contre 7 000 € pour une fosse toutes-eaux). En revanche, il est important de préciser que le système est rentabilisé en une quinzaine d’années. La raison ? Pas d’entretien, pas de vidange, pas d’énergie consommée.

  • Si votre logement est raccordé à un réseau d’assainissement collectif, vous n’avez tout simplement pas le droit de mettre en place un système de phytoépuration pour votre maison

Vocabulaire autour de la gestion de l’eau

  • Assainissement : Installation mises en place par les autorités publiques pour assurer la collecte, le traitement et l’évacuation des eaux résiduelles. Il existe deux types d’assainissement : collectif (évacuation via les égouts), non collectif : les eaux (système autonome comme la phytoépuration par exemple).

  • Réseau d’assainissement : Ensemble des réseaux qui permettent d’acheminer les eaux usées et/ou pluviales vers une installation de traitement ou le milieu récepteur. 

  • Eaux pluviales (EP) : Pas de grande surprise, c’est tout simplement l’eau provenant de la pluie (ruissellement sur les chaussées, toitures et toutes autres surfaces imperméabilisées, cuve de récupération, etc…)

  • Eaux usées (EU) : C’est l’eau qui a été utilisée dans la maison (évier de la cuisine, lavabo dans la salle de bain, toilettes, douche, baignoire, etc…). Dans le cas d’une maison viabilisée, ces eaux doivent être directement dirigées vers le réseau d’assainissement. Cela permet de garantir de bonnes conditions sanitaires et d’éviter un éventuel déversement dans l’environnement.

  • Égout : C’est ce qui permet de faire transiter l’eau de pluie et les eaux usées.

  • Poste de relèvement des eaux : Une installation avec un système de pompe qui permet d’augmenter la pression et de franchir un relief pour que les eaux continuent leur chemin.

  • Hors réseau: Emplacement qui est situé à l’écart des aménagements collectifs, y compris les réseaux d’assainissement.

  • Eau douce: Eau propre qui peut être utilisée sans risque sanitaire.

  • Eau noire : Dans le langage courant, cela fait référence aux eaux utilisées dans les toilettes. Dans certains cas, l’eau utilisée en cuisine peut parfois être considérée comme une eau noire (déchets alimentaires, produits chimiques, etc…). Dans le cas de toilettes sèches, il n’y a pas d’eau noire.

  • Eaux grises : C’est tout l’eau utilisée dans la maison, hors eau des toilettes.

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